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Bon usage de la terreur

Par Nicodème Ngandwe Mutapa Sese • Bibliothèque : Bibliothèque PubliqueDroit • Article • 2022-02-15 • 323 vue(s)

Conclusion Comment conclure sur un sujet aussi sensible que l’usage de la terreur par un Etat démocratique confronté à un adversaire asymétrique ? Si elles ne peuvent prétendre clore pareil débat, trois remarques s’imposent néanmoins. Toute démocratie tentée par la généralisation et la systématisation de méthodes de terreur parviendra peut-être à des résultats tactiques mais risque fort d’hypothéquer ses chances au niveau stratégique. Autrement dit, sauf à être engagée dans une guerre totale comparable aux deux conflits mondiaux, une démocratie ne peut se permettre d’appliquer une stratégie de terreur. Ceci découle de la conjonction d’un pur raisonnement stratégique et de la place structurelle de la morale en démocratie. Cette première conclusion doit être considérée comme une règle à laquelle toute démocratie engagée contre un adversaire asymétrique devrait se plier, sous peine de défaite probable. En parallèle, et même si un gouvernement annonce clairement qu’il ne recourra pas à de tels moyens, personne ne peut avoir la certitude qu’aucun cas de terreur ne sera jamais constaté et rapporté. Aussi ne faudrait-il pas être surpris si un nouveau Khaled Kelkal venait un jour à être abattu devant les caméras de télévision ou si des journalistes découvraient que des « vols secrets de la CIA » ont transité par le territoire national. Ce n’est pas parce que la France « a fait le choix juridique, philosophique et stratégique de combattre le terrorisme dans le cadre de l’Etat de droit »14 qu’elle est pour autant immunisée contre l’utilisation de méthodes illégales. Enfin, si l’utilisation massive de la terreur risque de conduire une démocratie engagée dans une guerre limitée à la défaite, il est néanmoins légitime de se demander si toutes les formes de terreur peuvent être totalement et toujours bannies. La « morale démocratique » incite à répondre positivement mais, d’un point de vue stratégique, la réponse ne va pas de soi, comme l’indique la citation de Clausewitz placée en exergue. Définir précisément et de manière très restrictive les pratiques tolérables et celles qui ne le sont pas pourrait ainsi se révéler contre-productif, ne seraitce que dans une logique de dissuasion.


Autres Détails

Nicodème Ngandwe Mutapa Sese assistant de
l’université de Lubumbashi au centre universitaire de
Kasumbalesa


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