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HISTOIRE DU MOUVEMENT DE RESISTANCE MAÏMAÏ EN RDC Origine et évolution

Par Xavier MIKEDO HATARI • Bibliothèque : REVUE M.E.S RIDSSPA • Article • 2023-05-09 • 140 vue(s)

Conclusion Face à cette flambée de violence qui embrasse cette partie de la République, ce moment n’est pas celui qui convient pour établir le bilan des conquérants qui ont perdu leur vie. Toutefois, ayant vécu tous les événements (les deux guerres) dans le milieu, nous pouvons affirmer que le bilan en vie humaine est énorme. Nous avons vu des camions transporter des cadavres couverts souvent des bâches pour les ramener au Rwanda. Conscients du forfait, les Rwandais (surtout leurs militaires qui ont combattu dans notre pays) ont commencé à jurer sous le nom du Colonel Nakabaka, Urakahura Nyakabaka194. En effet, les Babembe qui vivent dans la grande partie du territoire adjacent au territoire d'Uvira ont, certainement joué un rôle non négligeable dans la résistance armée au Sud Kivu. Nous avons déjà dit que la coalition des Bembe, Viva et Bafuliiru avait contraint Mzée Laurent Désiré Kabila de négocier le passage des troupes de l’AFDL. Quant à la rébellion du RCD, les Bembe ont su résister à cette guerre d'occupation de sorte que le territoire de Fizi a demeuré, comme à l'époque de Mobutu, la zone rouge. Les résistants Maï-Maï étaient encadrés par leurs leaders Dunia, Majaliwa, Kitungana, Kayikungu, Fundi, Sikungu, Nguvu... Car, les Bembe ont fermement résisté de sorte que le cheflieu de leur territoire était inaccessible aux dirigeants du RCD. L'administrateur nommé par ces derniers a établi son administration à Baraka. Les Bashi, tribu majoritaire de la province, se sont investis, comme nous l'avons déjà dit, dans la résistance civile. C'est après plusieurs campagnes de sensibilisation menées par l'Eglise catholique de Bukavu et par la société civile qu'apparurent les résistants armés Bashi. Au Nord Kivu, les premiers résistants connus ont été les Kasindiens et les Ngilima qui ont commencé à opérer, au début des années 90. Les Ngilima avaient leur base dans les régions Nord de Béni sont, à juste titre considérés comme une milice frontalière, avec leurs quartiers généraux autour de Bunyakiri, peuplée par la communauté de Batembo. Bien que, depuis le conflit du Masisi, en 1993, des milices locales (connues sous le nom de Katuku, aient été présentes dans la région, ce fut seulement après que l'AFDL ait pris Bukavu que celles-ci sont devenues des acteurs significatifs dans le jeu local du pouvoir.195 Initialement, ils formèrent une nouvelle alliance avec les Interhamwe et des éléments des FAZ contre l'AFDL, alliance qui fut rapidement considéré comme un mouvement conduit par les Rwandais Tutsi à la conquête de territoire l’espace en terre congolais196. Dans l'ensemble, les maï-maï du Nord Kivu, surtout les kasindiens et les ngilima, ont d'abord combattu du côté de l'AFDL pour faire chuter le pouvoir de Mobutu, traité de complice dans la distribution des terres aux étrangers Rwandais au détriment des autochtones. Plus tard, ils finirent par comprendre que les Banyarwanda de l’AFDL avaient un objectif caché, autre que celui avoué de chasser le dictateur Mobutu. Ils se persuadèrent bientôt que la guerre engagée visait moins la libération du pays que l'occupation du territoire national par ceux-là qui prétendaient les libérer. C'est ainsi que la résistance s’imposa face à l'occupant dévoilé. Malgré une part de mobilisation spontanée des jeunes, on admet que les politiciens locaux et les autorités traditionnelles ont joué un rôle crucial dans le recrutement et dans l'armement des combattants, connus sous le nom de Basimba (autour du Congo Manday), des Batiri (comprenant surtout des recrues hunde de Masisi) et des Katuku (à l'origine des recrues nyanga, mais trouvés aussi plus tard parmi les Batembo de Bunyakiri). Les groupes des Maï-Maï poussèrent partout dans la province du Nord Kivu comme dans la province voisine (Province Orientale). Les leaders de ces groupes comme Akili Mali, Philémon, Senga (dans les territoires de Masisi, Padiri dans la Province Orientale, etc.) apparurent et menèrent une résistance qui reste encore gravée dans la mémoire collective des peuples de l’Est de la RDC et tous les Congolais. C'est grâce à cette résistance populaire et multiforme que les conquérants rwandais et leurs suppôts n'ont pas atteint leur objectif de créer un Tutsiland ou une province autonome dirigée par ces derniers. La nouvelle formule adoptée est celle de la négociation visant à renflouer l'administration congolaise des éléments rwandais pour qu'à la longue, ils puissent encore tenter leur plan mortné d'occupation


Autres Détails

Xavier MIKEDO HATARI
Chef de Travaux,
Institut Supérieur Pédagogique d’Uvira


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