L’opinion publique comme instrument d’exercice de la souveraineté populaire chez Jürgen Habermas.
Par Norbert MPUNGA YOKA • Bibliothèque : REVUE M.E.S RIDS • SPA • Article • 2023-05-13 • 189 vue(s)
Notre intention dans cet article n’a pas été de chercher à épuiser les différents facteurs qui caractérisent l’opinion publique chez Habermas. Nous avons juste voulu consacrer notre réflexion à une compréhension discursive et délibérative de l’opinion publique qui dépasse tout entendement relatif à une approche purement historico-archéologique de la question. En ce sens, il ne s’agit nullement de faire l’apologie d’une opinion publique spontanée, irréfléchie mais bien au contraire d’une opinion publique formée, institutionnalisée et démocratisée. C’est ce type d’opinion publique dont Habermas recommande la formulation et la pratique au sein d’un espace public véritablement autonome. Cet espace public préconisé par Habermas ne sort pas du néant. Il émane de la sphère publique bourgeoise qui, à son tour, est généré par la sphère privée. Tout compte fait, la question de l’opinion publique chez Habermas concerne, en gros, celle relative à l’usage public de la raison qui, à vrai dire, en traduit l’effectivité sur le plan social. C’est dans ce contexte là qu’il faudrait comprendre l’opinion publique comme instrument de la souveraineté populaire. Pas moyen d’exercer la souveraineté populaire dans un contexte de domination, de perversion de l’opinion publique. C’est ainsi que nous avons été poussé à nous intéresser aux rôles que doivent jouer les partis politiques, la société civile et les mass media dans la formation de l’opinion publique.En dépit de ses mérites exemplaires, la réflexion de Habermas n’est pas exempte des critiques. En effet, avec le maître de la deuxième génération de l’Ecole de Francfort l’opinion publique atteint un haut degré d’abstraction qui rend difficile, voire quasi impossible, sa mise en œuvre au sein de l’espace public contemporain. En plus, le modèle de la sphère bourgeoise demeure problématique sur le plan rationnel pour qu’Habermas puisse le considérer comme lieu symbolique et analytique d’émergence de l’espace public autonome où devrait s’afficher l’opinion publique formée. Face à cette tendance récurrente, surtout en contexte africain, d’avoir chaque fois une opinion publique manipulée si pas imposée, on peut se rendre compte que la formation de l’opinion publique ne peut être la seule alternative crédible et efficace. De ce fait, il serait nécessaire, si pas indispensable, de baser la réflexion relative à l’opinion publique sur des études empiriques très fouillées dans lesquelles l’opinion publique serait avant tout saisi dans son aspect phénoménal.
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