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ENFANT, OBJET DE DROIT OU SUJET DE DROIT: RDC, CAMEROUN ET TANZANIE

Par MUSA ABIBU RAMAZANI • Bibliothèque : Bibliothèque PubliqueAgronomie • Article • 2023-08-29 • 198 vue(s)

Au Moyen Âge l'enfant n'a pas de statut propre c'est un nourrisson qu'on tarde à baptiser tant ses chances de survivre sont minces, notamment dans le milieu pauvres. L'enfant partage la vie des adultes : travail, jeu, sexualité, violence. L'infanticide est chose courante, ainsi que l'abandon aux portes des églises. Au XVIIe, les enfants sont considérés comme des êtres vils : Descartes écrit que c'est « un grand malheur» d'avoir été enfant avant d'être homme. Pour Bossuet « L'enfance est la vie d'une bête». Et Pierre de Bérulle, cardinal et homme d'État, écrit : « L'état enfantin est l'état le plus vil, le plus abject aspect de la nature humaine, après la mort ». Seule exception, un homme d'Église : Vincent de Paul crée en 1638 L'hospice des Enfants Trouvés et organise le recueil des enfants et leur accueil chez des nourrices allaitantes rémunérées. Un homme d'Église : Vincent de Paul crée L'hospice des Enfants Trouvés en 1638 et organise le recueil des enfants et leur accueil chez des nourrices allaitantes rémunérées. Il faudra attendre 1762 avec la publication de « Émile ou de l'éducation » de Jean-Jacques Rousseau pour avoir une nouvelle vision de l'enfant fondée sur le respect de l'intelligence de l'enfant, favorisant, le développement du libre arbitre de l'enfant. Avec la Révolution Française, en 1789, la nation se donne pour obligation d'éduquer ses pupilles, c'est-à-dire des enfants orphelins, ou abandonnés sans famille et accorde aux enfants un âge de majorité. Mais en 1807 le Code Napoléon rétablie la puissance paternelle et maritale. Napoléon écrit : « L'enfant appartient au mari de la femme comme la pomme au propriétaire du pommier. […] La femme est donnée à l'homme pour qu'elle lui fasse des enfants ; elle est sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier ». Au XIXe siècle, de nombreux romans anglais, français révèlent la vie misérable des enfants. Grâce à Victor Hugo, Émile Zola, Eugène Sue, Hector Mallot, ou Charles Dickens le martyre quotidien de l'enfant est raconté. La législation relative à l'enfant est à la famille évolue notablement pendant cette période. La loi de 1841 limite le travail des enfants. Les lois de Jules Ferry de 1874 organisent l'instruction obligatoire. La loi de 1889 institue la déchéance de la puissance paternelle en cas de mauvais traitements Le début de XXe siècle est un tournant : l'enfant devient un sujet à étudier et à éduquer. Le juge pour enfant est créé en 1912 justement pour traiter les mineurs délinquants, mais rien n'est dit encore sur sa protection ou sa mise à l'abri. Après la deuxième guerre mondiale, et les tragédies humaines des régimes nazi et stalinien particulièrement interventionnistes dans « l'éducation des enfants », les démocraties occidentales renforcent l'autorité parentale, présentée comme le corollaire du droit à la vie privée. En 1945, l'Ordonnance du 2 février « relative à l'enfance délinquante » prône le primat de l'éducation sur la répression. Puis, dans la mouvance de mai 68, tout un discours revendiquant pour les enfants le « droit à la sexualité » se développe, encouragé par les mouvements alternatifs de l'antipsychiatrie. Le terrain avait été préparé par la notoriété des quelques écrivains célèbres de premier plan desquels André Gide, grand promoteur de la pédophilie. Mais l'enfant en tant qu’être humain avec ses besoins particuliers, qui sont différents de ceux de l'adulte, et rarement pris en compte, compris et respecté. Aujourd'hui encore il faut regarder les chiffres : Deux enfants tués par semaine dans leur famille ! Plus de 8000 viols de mineurs par an c'est-à-dire un enfant violé toutes les heures.. Autour de 6 millions de personnes qui se disent victime d'inceste. 1 % des viol condamné par la justice. 300 000 enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. N'importe lequel de ces chiffres devrait mobiliser la société tout entière. Mais si l'opinion publique est prête , elle, les politiques eux continuent à ignorer ce naufrage. Parce que les enfants ne votent pas , les enfants ne constituent pas des groupes de pressions, donc les enfants ne comptent pas pour la classe politique. La publication de l'«Émile ou de l'éducation» , en 1762, de Jean-Jacques Rousseau propose une nouvelle vision de l'enfant qui se diffuse dans les classes éclairées de la société... Lorsque Jean-Jacques Rousseau publie l'Émile, il propose à la société du XVIIIe siècle une nouvelle définition de l'enfance et des rapports entre les adultes et les enfants. Les enfants sont des sujets en devenir et l'éducation passe par le respect et l'apprentissage. La société française est à la veille de la Révolution, les revendications d'égalité et de promotion du progrès pour tous se diffusent. Et puis, après une série de catastrophes démographiques (famines, guerres, épidémies) l'enfant à l'époque devient une denrée rare. Ainsi, sous le règne de Louis XIV, entre 1,5 et 2 millions de sujets français meurent de faim et/ou de maladie. Et le taux de mortalité des enfants est toujours effrayant : 50 % seulement atteignent l'âge adulte. L’éducation et le soin à l'enfant soin deviennent ainsi pour les philosophes des lumières et pour les classes dominantes ou qui cherchent à être dominantes (la bourgeoisie), un objectif primordial. Mais Rousseau pousse la déconstruction du système patriarcal encore plus loin puisqu'il évoque dans son discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, le lien naturel qui unit parents et enfants comme un lien provisoire « Quand le besoin de l'enfant cesse, le lien naturel se dissout » et aussi, « chaque famille est d'autant mieux unie que l'attachement réciproque et la liberté en sont les seuls liens ». Comment dire mieux que le rôle des parents est de satisfaire les besoins fondamentaux de l'enfant et que l'amour filial est le résultat de l'attachement qui en résulte en respectant la liberté du sujet qu'est l'enfant. Quelle modernité que les pédagogues, les divers psys du XXe et XXIe siècle ne peuvent qu'approuver. De nombreux scandales de pédocriminalité ont récemment éclaté dans les anciens milieux soixante-huitards. Comment expliquez-vous que des intellectuels aient justifié publiquement de telles pratiques ? Parce que depuis plus de 50 ans l'idée dominante dans ces milieux intellectuels est de considérer l'enfant comme un égal, comme une personne à part entière et non pas comme un adulte en devenir. Sous couvert d'égalité beaucoup ont oublié de respecter la singularité de l'enfant. Et puis, il y a le droit à l'enfant qui a remplacé le droit des enfants : c’est-à-dire que c'est toujours le désir de l'adulte qui l'emporte sur les besoins de l'enfant. On voit aujourd'hui comme sont mis en scène ces enfants trophées, ces enfants mini-adultes. Il est encore à la mode de traiter ses enfants comme des adultes mais sans entendre les désirs et les besoins spécifiques d'un enfant : on peut être follement amoureuse ou amoureux d'un adulte à 13 ans, être plus ou moins provocant mais cela ne signifie pas pour autant que l'enfant ou l'adolescent souhaite une intimité sexuelle et encore moins une relation. On a mis tellement de temps à le comprendre ! Il faut relire les textes de Françoise Dolto expliquant que l'inceste ne provoque pas de dégâts particuliers. Et que s’il y avait des relations incestueuses c'est parce qu'inconsciemment l'enfant le demande à son père ! C'est ainsi qu'on a pu entendre Françoise Dolto affirmer en 1979 que les petites filles victimes d'incestes sont « toujours consentantes. » Et d'ajouter : « Il suffit qu'elle refuse de coucher avec son père pour qu'il la laisse tranquille. » Il y a le droit à l'enfant qui a remplacé le droit des enfants : c’est-à-dire que c'est toujours le désir de l'adulte qui l'emporte sur les besoins de l'enfant. Il faut encore relire certains textes de Michel Foucault qui théorise les pulsions pédophiles. Le mot d'ordre est « jouir sans entraves » et la reconnaissance de ce que tout une partie de ces intellectuels appelleront la sexualité périphérique. Lors de son séminaire au Collège de France, commentant l'agression sexuelle d'une petite fille, par un villageois Michel Foucault évoquait « un attentat bien quotidien… bien ordinaire» et il poursuivait « on a là une sexualité enfantine villageoise, une sexualité de plein air, de bord de chemin, une sexualité de sous-bois que la médecine légale est en train de psychiatriser avec une allégresse qui fait problème». L'indulgence de toute une partie des intellectuels français à l'égard de la pédophilie est totale. Il a fallu attendre le livre de Vanessa Springora pour que Gabriel Matzneff apparaisse enfin pour ce qu'il est : un pédocriminel fier de l'être, encensé et protégé par les milieux littéraires parisien. Puis, celui de Camille Kouchner pour découvrir que l'inceste pouvait être pratiqué dans tous les milieux y compris chez de grands juristes, de célèbres intellectuels, qui pourtant auraient dû mieux que d'autres connaître la transgression, l'interdit de la loi, et les traumatismes terribles que l'Inceste engendre. Donc oui il y a une énorme responsabilité du monde intellectuel. Quand diriez-vous que s'arrête la fin de l'enfance ? Juridiquement la fin de l'enfance est l'âge de la majorité 18 ans. C'est ce concept qui est retenu par la convention internationale des droits de l'enfant. Cependant un certain nombre de dispositifs aménagent les droits de l'enfant en fonction de son discernement, c'est-à-dire de sa compréhension des règles commune, de sa capacité d'analyse de ses besoins , de ses émotions, et de sa possibilité à prendre des décisions . Ainsi au fur et à mesure du développement de l'enfant l'asymétrie physique, psychique et intellectuelle entre lui et l'adulte s'amenuise. Sur le plan physiologique et psychique, la puberté vient terminer un cycle de l'enfance et commencer une période de transition , l'adolescence. Mais l'adolescent reste un enfant, tant que son développement physique, émotionnel, cognitif n'est pas parvenu à maturité. Les experts de l'adolescence , médecins , pédopsychiatres, neurobiologistes distinguent deux étapes dans l'adolescence. La préadolescence de 12 à 15 ans, où les transformations physiques et hormonales bouleversent l'enfant qui doit appréhender un nouveau corps, un tsunami émotionnel et redéfinir ses relations. À ce stade , son cerveau est encore largement immature , toutes les connexions neuronales ne sont pas opérantes, notamment en termes d'analyse de ses désirs et de ses possibilités et en termes de prise de décision. De 16 à 20 ans l'activité cérébrale continue à s'organiser, et le jeune acquiert des compétences suffisantes pour décider et comprendre les enjeux de ces choix. Il est donc tout à fait normal que l'âge du premier rapport sexuel soit encore de 17 ans. Il est donc nécessaire que les lois protégeant les enfants tiennent compte de cette asymétrie entre les enfants et les adultes et que la responsabilité soit porté par l'adulte. La crise sanitaire a-t-elle participé à amplifier des situations dramatiques? Au premier confinement, tous les lieux accueillants des enfants ont fermé du jour au lendemain pendant 5 semaines ! Confinés dans leur famille, les enfants en souffrance ont été abandonnés. Un huis clos insoutenable pour tous les enfants qui subissaient déjà en famille violences et négligences, un huis clos dangereux pour les enfants dont les parents sont fragiles ou exaspérés.


Autres Détails

Article personnel rédigé pour la promotion du droit de l'enfant.


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