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Etude socio-anthropologique de la configuration développementiste à l’échelle du quartier de Mbanza-Lemba

Par WansService • Bibliothèque : WansServiceDéveloppement Rural • Mémoire • 2024-04-10 • 13 vue(s)

CONCLUSION GÉNÉRALE 

A l’instar des autres quartiers périphériques de la Ville-province de Kinshasa,

Mbanza-Lemba connaît plusieurs problèmes structurels dont la pénurie en eau potable, l’insécurité et la délinquance juvénile, l’insalubrité publique et la promiscuité, l’irruption d’érosions et/ou des ravins, la mortalité infantile, le manque d’infrastructures et services sociaux de base dans les secteurs de transport, de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’emploi, du logement, de la nutrition, etc. Face à ces situations problématiques, un ensemble complexe d’intervenants (ONG, associations, agences nationales ou internationales, experts, coopérants, techniciens, chercheurs, pouvoirs publics, courtiers en développement, fondations, particuliers, etc.) cherche à impulser des changements et/ou des améliorations auprès de « groupes-cibles » eux-mêmes divers et évoluant selon les dynamiques propres. Cependant, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. La société semble démunie face à l’ampleur du sous-développement. Ce sont tous ces problèmes et les réponses y apportées jusqu’ici que ce modeste travail s’est proposé d’étudier.

Pour rendre compte de ce qui se joue autour de diverses actions de développement

et/ou humanitaires, nous avons choisi de mener une « Etude socio-anthropologique de la configuration développementiste à l’échelle du quartier de Mbanza-Lemba ». A cet effet, nous avons utilisé comme boussole quatre questions dont une principale et trois spécifiques: -Comment se présente la configuration développementiste à l’échelle du quartier de MbanzaLemba ? -Quels sont les acteurs qui y interviennent, leurs pratiques, stratégies et représentations du développement ? Quel est l’impact des diverses interventions dans la transformation et/ou l’amélioration des conditions et milieux de vie des populations-cibles ? Comment sont les relations entre les acteurs en présence et que faire pour promouvoir un développement local durable ?

Afin de répondre à ces questions, nous avons croisé les données issues de nos enquêtes

de terrain de plus six mois avec diverses autres sources. L’étude a porté sur un échantillon de 68 enquêtés de sexes, âges et profils divers parmi lesquels 35 personnes ne sont pas directement impliquées dans les opérations de développement et 33 personnes sont impliquées dans la réalisation des projets/actions ; 10 études de cas d’actions de 10 acteurs qui sont intervenus dans 10 situations problématiques relevant de 10 secteurs de la vie sociale. En plus des 12 localités qui composent le quartier de Mbanza-Lemba, plusieurs autres lieux ont aussi servi de sites d’observation.

155Il s’agit entre autres des lieux à problèmes politiques (insécurité publique),

environnementaux, sociétaux, économiques et culturels; des sièges des ONG, des

Associations, des Fondations, des Institutions et établissements publics l’Etat (Commune de

Lemba, quartier de Mbanza-Lemba) ; des lieux d’exécution des projets ; des espaces publics

ouverts et/ou grandes artères. C’est le quartier de Mbanza-Lemba qui donc servi d’échelle

d’observation ethnographique.

Ce niveau plus micro qu’est le quartier, proche de l'acteur social de base et plus familier

à l'anthropologue, a été un lieu stratégique pour comprendre tant les interactions

"développeurs/développés" que les logiques d'action des institutions de développement et

celles des populations concernées. Ce niveau a permis des analyses plus fines, plus spécifiées

et plus intensives. S’intéresser aux lieux où se produisent ou non localement les actions

menées ne signifie pourtant pas que le regard soit rivé seulement sur le local. La réduction de

la focale d’observation a permis au contraire de saisir empiriquement les articulations entre

les différents niveaux. Cette expérience de recherche a été décrite et analysée suivant la

méthode de « case and situation analysis » de Gluckman. L’approche a consisté à décrire

plusieurs situations sociales et à analyser les principaux éléments qui ont du « sens » pour les

acteurs, en privilégiant une démarche de type interactionniste, sensible à l’enchevêtrement

des logiques sociales et recourant aux « jeux d’échelles » pour observer les phénomènes

transversaux. C’est sur ce socle méthodologique que s’est construit cette étude, croisant

terrains, situations et langages différents et suggérant une posture comparative. Elle n’a pas

délaissé une vision diachronique avec un intérêt soutenu pour les dynamiques et les processus.

Grâce à la démarche qualitative, nous avons pu induire trois conclusions suivantes :

 1° La configuration développementiste de Mbanza-Lemba est un paysage complexe

caractérisé par la pluralité et l’hétérogénéité des acteurs et des interventions mais

aussi par l’enchevêtrement des représentations, des logiques et des stratégies que la

socio-anthropologie tente d’expliquer.

 2° L’apport des diverses interventions est insuffisant eu égard aux défis structurels.

 3° Face à ces réponses insuffisantes, les populations développent des stratégies

d’adaptation dans tous les secteurs pour survivre.

Pour promouvoir le développement local et répondre à ces défis structurels à Mbanza-

Lemba, nous avons proposé quatre pistes stratégiques dans ce travail, à savoir :

1561°) La planification urbaine, l’aménagement du territoire et la définition de la politique

du développement local et durable de façon concertée par tous les acteurs concernés;

2°) La mise en place des infrastructures de base, la simplification des environnements

réglementaires et des règles en matière d'implantation, le soutien au développement de petites

et micro-entreprises, la rationalisation des marchés publics et des procédures d'appel d'offres,

l'encouragement des partenariats public/privé ;

3°) La mobilisation de (s) :

 principaux acteurs locaux : citoyens et communautés, pouvoirs publics, et

privés , leaders locaux, associations et fondations, églises, écoles, universités,

syndicats, organismes communautaires, ONG, bailleurs de fonds ; chercheurs ;

politiciens/ politiques ; etc.

 toutes les potentialités dont dispose ce quartier pour dynamiser les activités

productives et améliorer le niveau de vie des citoyens du terroir ;

 actions et initiatives locales comme moteur du développement, éventuellement

avec une aide technique et/ ou financière extérieure ;

4°) La mise en place des projets et/ou des politiques publiques structurels de trois

ordres dans le domaine de l’insécurité causée par le chômage et l’oisiveté des jeunes:

 la formation professionnelle comme levier de renforcement des capacités en

orientant les marginaux qui savent lire, écrire et calculer vers le Service

National, tandis que ceux ayant un niveau scolaire de plus de deux ans

secondaires, à l’Institut National de Préparation Professionnel (INPP) qui

offrirait quelques filières intéressantes pour les petits métiers ;

 la réinsertion socioprofessionnelle et la promotion des activités génératrices

des revenus pour autonomiser les nécessiteux afin ne plus vivre à la marge ;

 l’entrepreneuriat comme activité ou action résiliente.

Dans ce contexte, tous les acteurs de la société civile, de la sphère économique,

politique, les associations, les citoyens ont un rôle à jouer en matière de développement

durable. Ce rôle passe par l’intégration harmonieuse des composantes économique, sociale,

culturelle, politique et environnementale dans les actions et/ou interventions. Plus

concrètement :

157 Les citoyens : peuvent contribuer au développement durable par des gestes écologiques et citoyens dans la vie quotidienne. A la maison, au travail, dans leurs déplacements ou leur mode de consommation, les citoyens peuvent s'inscrire dans les valeurs du développement durable. Ils peuvent également contribuer à la diffusion de l'information et l'éducation relative au développement durable, en sensibilisant leurs proches aux bons gestes et aux attitudes à adopter.

 Les associations et les ONG : qu'elles aient des objectifs humanitaires ou de protection de l'environnement peuvent participer au développement durable par leurs actions découlant de leurs convictions écologiques et leurs démarches humanitaires.

 Les collectivités territoriales locales : peuvent mettre en place une politique de développement durable au sein de leur territoire, en impliquant tous les acteurs dans une démarche de démocratie participative par la mise en œuvre d'un agenda local.

 Les entreprises : peuvent intégrer le développement durable au sein de leur stratégie, et modifier ainsi leur fonctionnement pour protéger l'environnement, contribuer à l'équité sociale en permettant à leurs employés de travailler dans de bonnes conditions.

 Les banques : peuvent choisir de s'orienter vers des investissements socialement responsables, vers le microcrédit, et refuser tout placement d'argent vers des entreprises ou des activités qui ne sont pas éthiques.

Chacun peut et doit donc être un acteur du développement durable, afin de faire

progresser la protection et la préservation de l'environnement, l'équité sociale et une économie plus sociale et solidaire. Au demeurant, les situations problématiques rencontrées à Mbanza-Lemba mériteraient

d’être approchées de manière holistique et transversale. Résoudre un seul problème et en négliger d’autres constitue une équation sans solution. Sujet inépuisable, le développement a servi de vitrine pour aborder les questions des infrastructures et/ou services sociaux de base, de changement social, de santé publique, d’éducation, d’environnement, de transport, d’agriculture, de bien-être humain (anthropos), de gouvernance locale, de sécurité et donc de l’Etat en (in) action. C'est justement cette hétérogénéité et cette transversalité des actions de développement qui font l'intérêt de la socio-anthropologie du développement et du changement social. Ainsi, nous formons les vœux que ce modeste travail puisse en susciter d’autres et surtout, contribuer à améliorer la qualité des services que les acteurs de développement proposent aux populations, en permettant une meilleure prise en compte des dynamiques locales, et en réduisant les incertitudes dans leurs pratiques quotidiennes.


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