La trajectoire de la gouvernance publique au Rwanda : entre Big-man et Institution

RESUMÉ

Jean Hatzfef dresse une sorte de bilan dans « une saison des machettes » : en 1994, 8.00 mille Tutsi étaient massacrés par leurs concitoyens Hutu, soit près de 10.000 par jours, exécutés principalement à la machette. 25 ans après, le pays des mille collines affiche une fière allure au point d’être considéré comme un miracle économique et managérial (Patricia Crisafulli et Andrea Redmond), un havre technologique, tête de file de l’Afrique selon Doing Business 2019. La lutte contre la corruption est érigée en combat de premier plan, à tous les niveaux de la société depuis le signal de l’aéroport jusqu’à l’Ombudsman. Les marchés publics sont gérés en ligne, la fonction publique est rendue compétitive au point de déboucher sur « le Rwanda State Inc. », (État géré comme une société privée) tendant à implémenter le projet « Rwanda Horizon 2020 », un ambitieux programme de restructuration politico-économique. La fracture génocidaire a-t-elle donc été pansée au point où le Rwanda ne peut que poursuivre sa marche afin d’aboutir à une Silicon Valley au pays de Paul Kagamé. Malgré tous ces exploits, une préoccupation majeure demeure ; celle du socle, du support du « miracle rwandais. Est-ce le fait de la dynamique impulsée par le leadership transformationnel d’un homme, Kagamé qui tient le Rwanda d’une main forte, ou alors le miracle est la résultante d’un processus d’institutionnalisation, les habitudes managériales étant alors intériorisées par une population dynamique. Cette interrogation majeure évoque en filigrane les exploits du Rwanda en matière de gouvernance ; mais, à titre prospectif, (c’est une inquiétude), se pose la question de la viabilité d’un modèle sui generis dans une Afrique qui semble faire des pas de Sisyphe au lieu des pas décisifs en matière de gouvernance.

MOTS-CLÉS :

Génocide – Miracle rwandais – Institutionnalisation – Un Boss –Réversibilité. 
 

Autres Détails

Revue générale de droit et interdisciplinaire de l’Université de Likasi, numéro 4, volume 2, 2019

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