Empathie, interactivité. Au sujet des attitudes adéquates à adopter lors de l’enquête en sciences sociales : la juste position médiane de la Chaire de Dynamique Sociale

C’est lors d’une rencontre d’échange des vœux organisée en mars 2022 par le Doyen de la Faculté des sciences Sociales, Politiques et Administratives de l’Université de Kinshasa, que j’ai eu à converser avec le Professeur Sylvain Shomba Kinyamba. De cet entretien, j’ai appris de lui que d’ici là, il allait commémorer le 20ième anniversaire de la Chaire de Dynamique sociale (CDS), un Centre de recherche qu’il dirige et que pour cela, il comptait éditer un numéro spécial de la revue Mouvements et Enjeux Sociaux (M.E.S) pour marquer de manière indélébile cette circonstance mémorable.

En effet, MES est cette revue qui a donné l’occasion à plusieurs générations de chercheurs de publier des articles abordant des différentes thématiques. Aussi m’avait-il remis un de ses ouvrages, De la méthodologie de la recherche scientifique : controverses et issues (2021). Alors, je lui promis d’utiliser cet ouvrage pour écrire ma contribution à son projet.

A ce propos, les questions épistémologiques et méthodologiques de la production de la connaissance sont au centre des travaux de Sylvain Shomba Kinyamba (2021, 2019, 2016, 2014, 2012, 2000). Comme il l’écrit lui-même dans l’avant-propos de son livre dont chaque chapitre analyse un élément spécifique en évaluant certainement des acquis antérieurs et surtout en relevant les difficultés de mener la recherche en milieu congolais. De ces écueils, la pauvreté en constitue l’illustration la plus émouvante et qui offre un spectacle affreux qui hante à tout jamais nos mémoires. Il s’agit bien de ce jeune étudiant de l’Université de Kinshasa qui a été abattu en juillet 2021 par un policier en plein travail de recherche. Le groupe d’étudiants se tiraillait avec le policier qui leur demandait de l’argent comme autorisation d’organiser des séances pour recueillir les données en vue d’élaborer leur travail pratique. Leur camarade en paya le prix.

Ce livre que j’avais reçu de Sylvain Shomba comprend deux parties qui se répartissent en huit chapitres qui examinent des thématiques variées ayant trait à l’enquête en sciences sociales. Au terme de la lecture de ce livre, en me basant sur mes expériences de recherches en tant qu’ethnographe native, des réactions de plusieurs promotions d’étudiants à l’Université de Kinshasa et d’ailleurs après plusieurs années d’enseignement du cours des Techniques d’enquêtes sur terrain, mais surtout des inspirations puisées des travaux antérieurs de l’auteur, mon intention dans cette contribution consiste à répondre à la question qu’il se pose dans l’introduction de son ouvrage (p11) et qui consiste à s’interroger sur l’attitude qui est recommandée au chercheur en science sociale pour déterminer si c’est de l’apathie ou de l’interactivité qui l’emporte. Cette question est aussi au centre de mes investigations des dilemmes vécus comme ethnographe native á l’égard de l’anthropologie et de ses méthodes (Ndaya 2005, 2015, 2016). Notre discipline prônant le relativisme culturel. Et c’est dans cette perspective que se situe la juste position médiane de la CDS (S. Shomba) qui recommande l’usage, selon chaque cas de figure, de l’apathie ou de l’interactivité au lieu d’un exclusivisme de l’une ou de l’autre. 

 

Autres Détails

Julie Ndaya Tshiteku
Professeure, Anthropologie
Université de Kinshasa

CDS Empathie interactivité enquête en sciences